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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 12:40

Délimitation des frontières RDC-Rwanda : la compromission 

 Ces tueurs tutsi comb-copie-2

Comme en mars 2009 lorsque Kinshasa concluait à Goma un accord qui allait alimenter l’insécurité dans la partie de la RDC, c’est encore dans lechef-lieu de la province du Nord-Kivu que se tient depuis le lundi 4 août 2014 une réunion censée déboucher sur la redéfinition des frontières entre la RDC et le Rwanda. En lieu et place du compromis que brandissent les officiels, il s’agit plutôt d’un acte de compromission qui fait la part belle au Rwanda en lui accordant sur un plateau d’or ce qu’il n’a pas pu obtenir par les armes.


Le 26 juillet 2014 dans la salle de conférences de Notre-Dame de Fatima, à Gombe, se tenait une conférence-débat sur les frontières de la RDC. Partie prenante à cette conférence, Le Potentiel, prédisait dans l’une de ses éditons qu’avec ses neuf voisins, la RDC avait également neuf problèmes à gérer. Le journal avait vu juste.

Des nouvelles en provenance de Goma justifient toutes ces inquiétudes. Depuis le lundi 4 août 2014, les experts de la RDC et du Rwanda se sont donné rendez-vous au chef-lieu de la province du Nord-Kivu pour discuter de la délimitation des frontières entre les deux pays.

Au nombre de membres de la Commission figurent des experts militaires et des responsables des services de sécurité. Selon radio Okapi qui relaie l’information, il s’agit en réalité d’identifier les bornes matérielles de la frontière commune réelle entre le Rwanda et la RDC.

Ces travaux, rapporte la source, font suite à une réunion préliminaire de 2009, au cours de laquelle 5 bornes seulement sur les 22 initiales avaient été identifiées.

Les experts ont ainsi convenu d’asseoir leurs discussions sur les rapports des technocrates, notamment ceux qui ont travaillé en 1911 à l’époque coloniale de même que sur des cartes géographiques et des appareils GPRS. Pour l’essentiel, les experts tentent d’éclaircir plusieurs zones d’ombre qui planent en matière de frontières communes entre les deux voisins.

Il est prévu après cette réunion, dont la clôture intervient en principe jeudi, une descente sur le terrain pour procéder à la matérialisation des conclusions des assises de Goma. Est-ce à dire qu’on peut entrevoir une révision de la délimitation des frontières entre les deux pays ? Ce que redoute pour l’instant l’opinion congolaise.

Dans tous les cas, il faut reconnaître que la délimitation des frontières est au cœur du conflit permanent qui déstabilise la partie Est de la RDC. D’autant qu’il est de notoriété publique que le Rwanda a toujours nourri des prétentions sur certaines portions du territoire congolais. A la frontière entre les deux pays, des incidents ont, à maintes reprises, opposé les armées de deux pays. Le dernier acte en date est cette intrusion en juin 2014 sur leterritoire des unités de l’armée rwandaise.

Des altercations, avec mort d’hommes, avaient opposé les deux forces armées sur les collines de Kamyesheja, dans le territoire de Nyiragongo, à cause, avaient rapporté à l’époque des sources concordantes, d’une question touchant à la délimitation territoriale.

Les FARDC avaient riposté à une provocation des Forces pour la défensedu Rwanda (RDF) qui avaient tenté de s’installer sur une colline de Kamyesheja, en territoire congolais. A en croire le porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, le colonel Olivier Hamuli, et le porte-parole dugouvernement, Lambert Mende, un caporal de l’armée congolaise avait ensuite été enlevé par les éléments de l’armée rwandaise avant d’être tué devant ses camarades.  

L’arbre qui cache la forêt

    S’il est inscrit dans la pratique diplomatique que des pays voisins doivent se retrouver autour d’une table pour régler dans l’amiable leurs différends, la réunion de Goma a tout de particulier. Pourquoi un tel traitement devrait-il uniquement être réservé au Rwanda et pas aux huit autres voisins avec lesquels la RDC partage une frontière commune ? C’est tout le nœud duproblème.

Et le problème devient beaucoup plus complexe lorsqu’on l’intègre dans l’ensemble des conflits qui rongent la partie Est de la RDC. En effet, il est de notoriété publique que le Rwanda n’a jamais accepté ses frontières héritées de la colonisation, particulièrement celles qu’il partage avec la RDC. En quoi sa frontière avec la RDC serait-elle alors particulière ? Pourquoi le Rwanda ne pose pas le même problème à ses voisins tanzaniens, ougandais ou burundais ? Il y a donc anguille sous roche.

Tout compte fait, la réunion de Goma est cet arbre qui cache la forêt. Que Kinshasa ait aussi accepté une relecture de ses frontières avec Kigali il y a certainement quelque chose de louche qui se trame entre les deux capitales.

De ce point de vue, le peuple congolais est aux aguets et voudrait voir clair, sinon il est prêt à s’opposer à toute forme de compromission. Au nom du droit international les conclusions de la réunion de Goma devraient aller dans le sens et le respect du principe de l’intangibilité des frontières. 

Compte tenu du contexte dans lequel le problème est posé ce jour, les dirigeants congolais devraient s’abstenir de tenter un coup qui pourrait s’avérer, à terme, suicidaire autant pour eux que pour le pays. L’opinion est sûrement alertée, consciente du fait qu’en réalité, Kigali cherche juste à récupérer du temps perdu. Bien sûr, dans la guerre.

Dans la réalité, Kigali s’attelle juste à obtenir par les négociations ce qu’il n’a pas pu avoir par les armes. C’est-à-dire la reconquête d’une portion de la partie Est de la RDC. Malheureusement pour la RDC, la stratégie hégémonique de Kigali a apparemment trouvé du répondant dans le chef des dirigeants congolais. Preuve de plus de la compromission de Kinshasa.

L’incapacité de la RDC à gouverner son territoire, ses populations et ses ressources naturelles fait que sa souveraineté s’étiole. La nature ayant horreur du vide, d’autres, à l’instar du Rwanda, en profitent pour assouvir leurs appétits voraces sur le territoire de la RDC.

Encadré

Frontières RDC–Rwanda : état des lieux 

a) Frontière terrestre (artificielle)

En direction Nord-sud, celle-ci part du point frontalier triple V RDC - Ouganda - Rwanda sur le mont Sabinio. Longue de 60 km, cette frontière terrestre chute sur la rive septentrionale du lac Kivu entre la ville congolaise de Goma et la ville rwandaise de Gisenyi, l'actuelle Ruhavu. A l'époque coloniale, cette frontière a été abornée de 22 bornes frontalières constituées de simples amas de pierres. Une démarcation tout à fait aléatoire. C'est ainsi qu'en 1981, les deux gouvernements congolais et rwandais se sont convenus pour implanter 22 bornes frontières conformes aux normes internationales.

Le devis de l'institut géographique du Congo élaboré à cet effet en 1981 est de 49 950 Zaïres, soit à peu près 100 000 dollars américains. Ce devis n'a jamais été honoré et les travaux d'implantation des bornes frontières non exécutés.

A cet effet, il sied de rappeler que pour lutter contre le banditisme transfrontalier qu'il a été décidé par la Convention Goma-Gisenyi (Ruhavu)du 21 mars 1961 d'établir entre les deux villes une zone neutre. A ce jour, cette zone dite neutre est entièrement envahie par des sujets rwandais. D'où, la frontière entre Goma et Gisenyi (Ruhavu) est de plus confuses.
 
b) Frontières liquides (lacustre et fluviale)

• Frontière liquide lacustre Lac Kivu

Longue de 111 km, la frontière liquide lacustre RDC- Rwanda dans le lac Kivu, part de la rive septentrionale du lac Kivu entre la ville congolaise de Goma et la ville rwandaise de Gisenyi, l'actuelle Ruhavu. Elle traverse tout le lac du Nord au Sud jusqu'à la sortie de la Ruzizi du lac Kivu en amont de la ville de Bukavu. Cette frontière liquide lacustre lac Kivu partage les eaux de ce lac entre le Rwanda et la RDC. A cette dernière ont été attribuées, 4 îles dont Iwinza, Idjwi, Kitanga et Nyamaronga et les 4 autres îles à savoir Gombo, Kikaya, Kumenie et Wau attribuées au Rwanda. Cette longue frontière liquide lacustre bien que délimitée, elle n'a pas encore été démarquée jusqu'à ce jour. Les deux pays riverains ont intérêt à trouver un terrain d'entente pour procéder à sa démarcation. Une démarcation au moyen des bornes électroniques peut-être envisagées.

• Frontière liquide fluviale Ruzizi

Longue de 42 km, la frontière liquide Ruzizi RDC-Rwanda, part de la sortie de la rivière Ruzizi du lac Kivu en amont de la ville de Bukavu jusqu'au point frontalier triple VI RDC-Rwanda-Burundi à 02°45' de latitude Sud et à 29°02' de longitude Est au confluent des rivières Ruzizi et Ruhwa. Cette frontière a été délimitée par la Convention de Bruxelles du 14 mai 1910, Convention confirmée par celle du 11 août de la même année entre les anciennes puissances coloniales en l'occurrence la Belgique et l'Allemagne.

Tiré de « Les frontières internationales de la RDC : état des lieux et enjeux géostratégiques », Colonel Roger-Nestor Lubiku L.

http://www.lepotentielonline.com/index.php?option=com_content&view=article&id=9630:delimitation-des-frontieres-rdc-rwanda-la-compromission&catid=85&Itemid=472



Distribué par Jacques E. MuzaniNilabwe

         j_muzani@hotmail.com

Les Congolais s’interrogent… : RD Congo-Rwanda : Berlin II à Goma ?

Des experts congolais et rwandais, réunis depuis le lundi 04 août 2014 à Goma, devraient boucler ce jeudi 07 août les travaux consacrés à la revisitation du tracé de la frontière commune entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Il serait question, indique-t-on, de situer avec précision les bornes frontalières, telles que positionnées par les colonisateurs belge et allemand depuis l’année 1911.

          Rapports techniques et cartes géographiques datant du début du dernier siècle ainsi qu’appareils GPRS sont mis à contribution pour, soutient-on, faciliter les échanges entre les parties congolaises et rwandaises. On laisse entendre que les conclusions à dégager par la bipartite de Goma pourraient être soumises à une grande Commission mixte chargée de les toiletter en vue de les soumettre aux décideurs politiques.

          Selon certaines sources, l’objectif poursuivi par Kinshasa et Kigali est de réhabiliter les 32 bornes frontalières initiales, dont seulement 5 étaient identifiables lors d’une évaluation antérieure faite en 2009. L’initiative viserait à mettre un terme aux incidents frontaliers entre la RDC et le Rwanda, suite à leur différence d’approche de la délimitation de leur frontière commune. Le dernier en date survenu au mois de juin, rappelle-t-on, a consisté en affrontement à l’arme lourde entre militaires congolais et rwandais au village de Kamyeshja, dans le territoire de Nyiragongo, en terres congolaises selon les autorités de Kinshasa, en territoire rwandais, selon leurs homologues de Kigali.

 

Vers une Conférence de Berlin II ?

 

          Les Congolais s’interrogent au sujet du bien-fondé d’une rencontre qui s’apparente à une Conférence de Berlin II, destinée à redéfinir les limites frontalières entre la RDC et le Rwanda, alors que celles-ci sont réputées intangibles depuis 1885. En acceptant de se mettre à la même table que les autorités de Kigali, en vue de débattre de la configuration de la frontière commune, les décideurs congolais ne sont-ils par en train de donner une dangereuse caution à la thèse largement partagée en Ouganda, au Rwanda et au Burundi, et fondée sur l’impérieuse nécessité d’organisation d’une Conférence de Berlin II en vue de redéfinir le tracé de la frontière séparant les quatre voisins des Grands Lacs ?

L’on a beau dire que tel ne serait pas le cas mais en analysant le problème sur le plan du fond, le résultat recherché par les maîtres de Kigali ne serait autre que de remettre en cause la frontière commune héritée de la Conférence de Berlin. On sait que Kampala, Kigali et Bujumbura ont toujours manifesté des velléités de reconquête des portions du territoire congolais que les trois capitales estiment avoir été « spoliées » par Kinshasa, après la défaite militaire allemande face aux alliés belges, français et britanniques, au terme de la Guerre Mondiale de 1914 à 1918.

          Le sentiment que risque de laisser la bipartite de Goma est qu’il se poserait réellement un problème de bornes frontalières entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. La démarche consistant à réhabiliter 27 bornes sur les 32 originelles est fort risquée pour Kinshasa, dans la mesure où la réimplantation de chaque borne pourrait donner lieu à une modification de la frontière commune, pour peu que Kigali exprimerait une revendication dans ce sens. La disparition d’un nombre aussi important de bornes fait penser à une stratégie planifiée par la partie rwandaise pour grignoter plusieurs kilomètres carrés du territoire congolais.

 

Pour une consultation nationale

 

          Compte tenu des enjeux territoriaux que cache le processus de révision de la frontière congolo-rwandaise, il est souhaitable qu’avant de lever toute option d’aliénation d’une partie du patrimoine foncier national, les décideurs politiques congolais puissent songer à consulter les forces vives de la Nation, notamment à travers le Parlement (Sénat et Assemblée Nationale). La sensibilité de la matière est telle qu’il serait dangereux de laisser à une poignée d’experts le soin d’embarquer l’ensemble de la communauté nationale dans une aventure aux conséquences imprévisibles, au regard des intentions séculaires du Rwanda de vouloir élargir son espace géographique en rentrant dans le « ventre » du grand Congo. L’heure doit être à la vigilance pour ne pas céder aux Rwandais, sur le plateau « diplomatique », ce qu’ils peinent à arracher militairement aux filles et fils du pays de Lumumba et de M’Zee Laurent Désiré Kabila.

                              Kimp

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