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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 18:02

 

Mercredi, 07 Septembre 2011 10:01

Le régime a beau démentir, l'attaque de la résidence d'Etienne Tshisekedi, 10ème rue Pétunias, à Limete, le plastiquage du siège de la RLTV et l'incendie de la permanence de l'UDPS perpétrés dans la nuit du 5 au 6 septembre 2011 ne pourront qu'être mis sur son compte. Pour plusieurs raisons. D'abord, la nature des moyens mis en oeuvres: des explosifs utilisés pour mettre le feu donnent à croire à des moyens de 'Etat. Les assaillants en ont oublié quelques pièces non dégoupillées à la régie calcinée de la télévision de l'opposant Roger Lumbala. Ensuite, tout à l'air des représailles commanditées en réaction à la mise à sac du siège de l'interfédéral du PPRD, le parti présidentiel, sur le boulevard Sendwe par des manifestants tshisekedistes. A la tête d'une longue procession commencée depuis le boulevard du 30 juin, après le dépôt de sa candidature à la CENI, Tshisekedi s'est fait caillasser copieusement ici. Ce qui avait obligé son cortège de changer d'itinéraire avant que les «combattants» ne reviennent régler l'affaire à leur manière. 

Deux morts par balles

Enfin, l'ampleur de l'action qui a touché trois cibles, de manière concomitante, bat en brèche l'hypothèse d'un acte privé. Une ampleur qui a occasionné d'énormes dégâts matériels au siège de l'UDPS dans l'incendie allumé vers les trois heures du matin. Il était fait état de plusieurs victimes -un jeune homme de 30 ans domicilié à Mombele et un autre tués par balles et dont les corps sont gardés à la morgue de la Clinique Bondeko et des blessés par balles- dans les affrontements qui ont opposé la police aux manifestants tout autour de la maison de Tshisekedi et du Qg de l'UDPS dans la matinée du 6 septembre. S'ils ont pensé faire passer un message à l'opposition, ceux qui ont inspiré ces attaques ont plutôt porté un coup dur contre le régime de Joseph Kabila. Déjà que Kinshasa était mise, hier sur le banc des accusés en ce qui concerne les droits de l'homme. Désormais, il lui sera imputé l'intolérance politique avec une inclination manifeste à la politique de la terre brûlée, surtout pour s'en être pris avec autant d'agressivité à un média, propriété d'un opposant. Désormais, ceux qui sont maîtres de l'opinion publique au niveau international diront de Joseph Kabila qu'il est capable du pire. Quel est cet homme averti qui ne sait pas ce que cela signifie à la veille de l'élection présidentielle prévue le 28 novembre prochain. Averti pour placer cette barbarie dans le contexte international marqué par le printemps arabe qui a vu des chefs d'Etat puissant comme Hosni Mubarak partir sous la pression des manifestants désarmés.

Ça ne l'est pas encore à Kinshasa mais ça a basculé depuis hier. Basculé au point de faire dire que la très fragile démocratie congolaise est en péril et que les prochaines élections risquent de plonger le pays dans le chaos. «C'est une chronique de violence annoncée», a dénoncé Moïse Moni Della, secrétaire général du RCD-N et Dg de la RLTV, alors que les cendres fumaient encore chaudement dans les installations de la RLTV.

Quand viendra le moment d'établir les responsabilités de cette «chronique de violence», c'est le pouvoir qui sera comptable devant l'histoire. Lui, il a imperium et il est censé s'en servir pour que la société ne tombe pas dans l'anarchie et non l'utiliser contre ses adversaires même s'il peut prétexter de la provocation au départ.

Lorsque les pouvoirs publics en viennent à oublier la sacro-sainte mission de protéger, qu'est-ce qu'il en reste encore de … RLTV n'a pas été protégée.

Pourtant Moïse Moni Della avait prévenu l'inspecteur général de la police, Charles Bisengimana, il y a plus de trois semaines, que ses journalistes et sa chaîne étaient ciblés. Le Général lui avait fait savoir que ce ne sont pas des choses qui se disent verbalement. Une correspondance a alors été minutée avec des indices sérieux en appui et déposée bel et bien au service courrier de ex-Circo. Aucune suite n'y a été réservée jusqu'à cette tragique nuit où des hommes armés ont fait irruption sise avenue Tombalbaye à trois heures du matin. Ils ont maîtrisé la sentinelle et lancé des explosifs à allumage à feu dans tout le rez-de-chaussée de l'immeuble d'un étage. Toit a été consumé, la régie avec ses bans de montage et plusieurs caméras, même la caméra professionnelle personnelle de Ndeko Basile. Le régisseur de nuit y a échappé de justesse. Il s'est réfugié à l'étage pour fuir les flammes avant de désencastrer un climatiseur monobloc pour se frayer une issue de secours. Ce régisseur a affirmé, devant les médias, avoir reconnu Chaleur Ndibu Musi, judoka ceinture noire et fauteur de trouble attitré de la Ligue des jeunes du PPRD, parmi les assaillants. Le même Chaleur avait été vu à la tête des casseurs armés des machettes qui avaient attaqués les manifestants de l'UDPS lors de la marche du 1er septembre. Chez Tshisekedi, les assaillants ont fait usage des armes à feu, selon le secrétaire général de l'UDPS, Jacquemain Shabani. Ils ont tiré à feu nourri et ont laissé dernière plusieurs douilles et impacts de balles. Le maître des céans n'a eu aucune égratignure et se préparait à prendre le régulier de Kenya Airways, cet après-midi, pour l'Europe où il a un rendez-vous calé à la CPI avec Jean-Pierre Bemba le 10 septembre prochain à 11heures 30. Avec ou sans l'appui du chairman, Tshisekedi a trouvé une astuce pour rallier l'électorat bembiste : il battra campagne avec la promesse d'obtenir la libération du détenu de la CPI si jamais il est élu. Dans l'entre-temps, Tshisekedi avait annulé sa conférence de presse prévue hier, estimant qu'il avait tout dit dans ses déclarations faites à la presse, le veille, selon lesquelles le dépôt de sa candidature met fin à toute tractation pour un éventuel compromis avec le groupe de Sultani.

Paul MULAND 

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