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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 15:58
WikiLeaks : Ambassadeur William Garvelink déconseille des rencontres de haut-niveau de Kengo à Washington (2010)

 
La république démocratique du Congo dans toute sa diversité
 
Publié le 4 sept 2011 dans Politique par Alex
Câble du 20 janvier 2010
1. (Confidentiel) RÉSUMÉ : Le Président du Sénat Kengo wa Dondo a contre toute attente approché des diplomates des Etats-Unis, à Kinshasa et l’UA à Addis-Abeba (télégrammes de référence), pour solliciter de l’assistance aux fins de lui faciliter des rencontres avec des officiels de haut rang du gouvernement des Etats-Unis au cours de son prochain voyage à Washington. L’un des politiciens les plus habiles du Congo, Kengo est le seul membre de l’opposition à occuper une fonction de haut rang dans le gouvernement de la République Démocratique du Congo. Je crois qu’il est en train d’évaluer si les Etats-Unis l’appuieront dans l’éventualité d’une candidature à la présidence en 2011. Nous recommandons que le Département [d’Etat] n’arrange point ces rencontres pour Kengo sans en informer au préalable l’Ambassade de la RDC à Washington (ce que Kengo ne veut pas) puisque Kengo pourrait chercher à embarrasser Kabila, et voire les Etats-Unis. Bien que probablement discrédité par sa longue association avec le défunt dictateur Mobutu Sese Seko et handicapé par son origine ethnique (père européen et mère tutsie rwandaise), Kengo pourrait voir se profiler une occasion historique de diriger une opposition démoralisée et à la dérive, à moins de voir Kabila, de plus en plus impopulaire, gagner par défaut l’élection de 2011. Nous sommes sceptiques quant à l’hypothèse selon laquelle Kengo captera l’imagination des électeurs en 2011 mais la politique congolaise n’est rien moins qu’imprévisible. FIN DU RÉSUMÉ.
Au sujet d’une « mission discrète » aux Etats-Unis 
2. (Confidentiel) Kengo wa Dondo, président du sénat national et le seul officiel de haut rang du gouvernement de la RDC qui ne soit membre de la coalition de Joseph Kabila au pouvoir, a approché les Etats-Unis par deux fois au courant des récentes semaines, une fois au cours d’une réunion qu’il a sollicitée avec l’ambassadeur (réf a) et, juste deux semaines plus tard, à l’UA à Addis-Abeba avec le Chef de la Mission Diplomatique intérimaire (réf b). Au cours de ces deux occasions, il a sollicité notre assistance pour lui faciliter des rencontres avec des officiels de haut rang du gouvernement des Etats-Unis lors d’une visite prochaine à Washington. Il a souligné au cours de ces deux rencontres que sa mission aux Etats-Unis devrait être menée dans la plus grande discrétion, demandant spécifiquement à l’ambassadeur à Kinshasa qu’aucun des employés locaux n’apprennent que l’ambassade allait délivrer des visas, à lui et à son staff.
3. (Sensible mais non confidentiel) Nommé Léon Lubizc à sa naissance en 1935 dans la Province de l’Equateur, Kengo est le fils d’un père polonais, qui abandonna sa famille quand Kengo était enfant, et d’une mère tutsie d’origine rwandaise. Lubizc changea son nom en celui de Kengo wa Dondo au début des années 1970 suite à la campagne de la dictature de Mobutu pour la « zaïrianisation » des noms. Kengo fut un protégé de Mobutu pendant plusieurs années, servant comme premier ministre à trois reprises : de 1982 à 1986 ; de 1988 à 1990 ; et de 1996 jusqu’au départ de Mobutu du Zaïre en 1997. Bien que Kengo prit ses distances avec Mobutu durant les années du « crépuscule » du dictateur, beaucoup de Congolais le considèrent encore comme « mobutiste ». Un partisan de l’économie libérale, Kengo était un interlocuteur de premier plan entre le Gouvernement du Zaïre et les institutions financières internationales au cours de ses périodes d’activité au gouvernement. La corruption ne lui étant pas étrangère, Kengo fut accusé de blanchiment d’argent par la Belgique en 2003. Les accusations semblent avoir abouti à un non-lieu puisque Kengo voyage fréquemment pour la Belgique où il a une résidence et des intérêts économiques.
4. (Sensible mais non confidentiel) Kengo quitta le Zaïre pour la Belgique quand Laurent Kabila prit le pouvoir en 1997 mais rentra peu après. Il appuya Jean-Pierre Bemba, qui est aussi de l’Equateur, dans sa campagne présidentielle en 2006 contre Kabila mais n’adhéra jamais au mouvement politique de Bemba. En janvier 2007, Kengo fut élu au Sénat à partir de l’Equateur. Il posa peu après sa candidature pour la présidence du sénat en tant qu’indépendant et remporta une victoire surprenante contre Léonard She Okitundu, le candidat de la coalition présidentielle (Alliance de la Majorité Présidentielle ou « AMP »). Beaucoup d’observateurs croient savoir que Kabila voulait d’abord empêcher Kengo d’assumer ses fonctions mais l’accepta à son corps défendant comme président du sénat après que les deux hommes se soient mis d’accord sur les règles du jeu de la coopération. Kengo a été une force de modération et du compromis en tant que président du sénat et l’on rapporte qu’il a de bonnes relations professionnelles—sinon amicales—avec Kabila.
Que mijote Kengo ? 
5. (Confidentiel) Nous suspectons que l’objectif principal de Kengo pour se rendre à Washington est de tâter le terrain afin de voir si les Etats-Unis l’appuieraient s’il se décidait à se porter candidat contre le Président Kabila aux élections de 2011. Il comprend sans doute l’occasion qui s’offre à lui comme le mandat de Kabila approche de sa fin : Kabila est de plus en plus impopulaire auprès des masses populaires, à l’exception, peut-être, de son fief du Katanga, tandis que l’opposition démunie de leader est encore officiellement dirigée par Jean-Pierre Bemba, qui est emprisonné à La Haye depuis mai 2008 lorsqu’il fut arrêté et inculpé par la CPI des chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.
6. (Confidentiel) En somme, quoique probablement discrédité par ses longues années d’association avec Mobutu, Kengo serait en train de combler le vide que peu d’autres politiciens congolais peuvent combler : il a un nom facilement reconnaissable, il peut compter sur un certain appui des « fils du pays natal » des provinces lingalophones de l’ouest, et il espère bénéficier de l’appui de la communauté internationale, particulièrement l’UE et les Etats-Unis, sur la base de son appui de longue date de l’économie libérale et de ses contacts avec les institutions financières internationales. Il pourrait même réussir à surmonter beaucoup de ses désavantages personnels, y compris son âge avancé (il aura 76 lorsque les élections auront lieu et 81 ans lorsque son mandat de cinq ans prendra fin en 2016) et son héritage ethnique. (NOTE : On nourrit ici généralement de la méfiance à l’égard des personnes d’héritage euro-africain mixte—les métis—et l’héritage rwandais est particulièrement troublant pour beaucoup de Congolais à cause de l’agression rwandaise présumée contre la RDC durant les guerres du Congo. FIN DE LA NOTE). Néanmoins, nous n’anticipons nullement qu’une candidature de Kengo puisse capter l’imagination des masses populaires, quoiqu’une candidature présidentielle couronnée de succès ne soit pas à exclure.
7. (Confidentiel) COMMENTAIRE: Kengo nous a demandé ainsi qu’à la mission diplomatique à l’UA de maintenir une stricte confidentialité en rapport avec sa visite prochaine, actuellement prévue pour la mi-février, pour des raisons non spécifiées. Nous recommandons que le Département [d’Etat] se garde d’arranger ces visites sans en informer au préalable l’ambassade congolaise à Washington. Il se pourrait que Kengo voulût embarrasser Kabila en montrant qu’il a l’ « appui » de Washington. Mais il peut tout aussi bien prétendre que nous avons proposé de l’aider si ça se sait qu’il est en train de manœuvrer pour obtenir l’appui international pour affronter Kabila.
 FIN DU COMMENTAIRE. 
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