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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 13:05
SAMEDI, 10 SEPTEMBRE 2011 01:52  PDF Imprimer Envoyer
Le Gouverneur Julien Paluku escamote la cause principale de l’insécurité au N/Kivu

Dans une déclaration faite à la radio Okapi le 6 septembre 2011, le Gouverneur du Nord-Kivu, Mr Julien Paluku, lui qui avait toujours soutenu contre tous que la sécurité était revenue au Nord-Kivu, a fait une surprise en dressant pour la première fois depuis sa prise de pouvoir en 2007, un tableau sombre de la situation sécuritaire au Nord-Kivu. Le Gouverneur va même jusqu'à affirmer que cette insécurité exploitée par des politiciens à des fins ethnicistes et électoralistes peut provoquer une guerre civile au Nord-Kivu.

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Pour apporter de l’eau au moulin de son patron, le Ministre de l’Intérieur du Nord-Kivu, Mr Valérien Mbalutwirandi, a chiffré cette insécurité au cours d’une question orale à l’Assemblée Provinciale le 6 septembre 2011. Ainsi, a-t-on appris qu’il y aurait eu à travers la Province du Nord-Kivu 800 cas d’assassinats, enlèvements, vols, pillages, évasions de prisonniers, etc. pour la seule période allant de janvier à juillet 2011. 

En ne parlant que de la période allant de janvier à juillet 2011 et en liant la montée de l’insécurité à la politique électorale, Julien Paluku qui est à la tête de la Province depuis 2007, fait ainsi passer l’insécurité généralisée au Nord-Kivu comme un fait récent. Campagne électorale oblige ! C’est ainsi que, dans sa déclaration, Julien Paluku a mis la population en garde contre les politiciens en recherche de positionnement qui attiseraient la haine ethnique pour séduire leurs électeurs. Il a ainsi invité la population à ne pas suivre ces politiciens véreux sur leur chemin de la violence qui peut se transformer en guerre civile.

Un lecteur non informé de la situation sécuritaire qui prévaut au Nord-Kivu depuis Septembre 1996, date marquant le début de l’agression rwandaise du Nord-Kivu, pourrait penser que les 800 cas d’assassinats que déplore le gouvernorat du Nord-Kivu sont l’œuvre des populations civiles congolaises manipulées par des politiciens en quête  de positionnement. Loin de là. Les ethnies du Nord-Kivu ne sont pas en guerre les unes contre les autres. Elles sont chassées, pourchassées depuis 1996 de leurs terres riches en coltan, en cassitérite, etc,  non pas par des politiciens congolais mais par une armée étrangère opérant au Nord-Kivu sous le chapeau de plusieurs milices et rebellions interposées. 

Il est certes du devoir du Gouverneur de Province d’appeler ses administrés au calme pendant la période électorale. Mais avant de distribuer des cartons rouges aux politiciens et aux ethnies du Nord-Kivu, le Gouverneur aurait fait œuvre utile en exposant d’abord sans ambages les causes principales de l’insécurité qu’il déplore qu'il a escamoté dans sa déclaration. Il a donc manqué de courage politique. Comme un arbitre sur un terrain de football, Julien Paluku a distribué des cartons rouges à des joueurs qui ne méritaient que des simples avertissements ou, à la limite, des cartons jaunes, laissant sur terrain les joueurs tricheurs qui méritent des cartons rouges plus expulsion immédiate du terrain. Pour cela, Julien Paluku apparaît comme un mauvais arbitre du match brutal qui se joue au N/Kivu. 

Pour tout observateur honnête de la situation sécuritaire qui prévaut au Nord-Kivu, les politiciens ainsi que les différentes ethnies du Nord-Kivu sont fatigués de la guerre qui a trop duré. En 2006, les politiciens et les communautés du Nord-Kivu avaient choisi la voie des urnes pour que la paix revienne. C’est ainsi qu’il n’y avait pas eu de violence entre les ethnies et les partis politiques au Nord-Kivu. Le Nord-Kivu avait été exemplaire dans la gestion de la période postélectorale de 2006. Ainsi par exemple, les élus provinciaux avaient surmonté leurs origines ethniques ainsi que le faible score électoral des certains d'entre eux, pour que toutes les ethnies de la Province soient représentées au bureau et dans les différentes commissions de l’Assemblée Provinciale. Malheureusement, ce modèle de gestion apaisée des ambitions politiques dans la province du Nord-Kivu n’a jamais reçu le crédit qu’il lui faut, certainement parce qu’il avait révélé le mensonge entretenu par l’ennemi sur les ethnies et les politiciens du Nord-Kivu. L’ethnicisation de l’insécurité au Nord-Kivu est un mensonge cousu du fil blanc. La vérité est que l’insécurité au Nord-Kivu comme partout en RDC est une affaire d’extrémistes qui se recrutent dans toutes les ethnies de la région des Grands Lacs pour servir les intérêts d’une économie mondiale néolibérale qui n’a que faire de la démocratie. C’est ainsi qu’au lendemain de l’installation des institutions issues des élections de 2006, l’ennemi choisira de diriger le Nord-Kivu par un gouvernement parallèle. Le Gouvernorat et l’Assemblée Provinciale furent ainsi réduits à des organes protocolaires, sans impact réel sur la vie des citoyens.  

Depuis 2007, l’Assemblée Provinciale du Nord-Kivu pratique ce que le belge Ludo Martens appelle « parlementarisme bourgeois » ou « la forme politique qui convient le mieux à la domination impérialiste » (Ludo Martens, Kabila et la révolution congolaise, panafricanisme ou néocolonialisme ?, Tome 1, Editions EPO, Anvers, Belgique, 2002, p.213). En effet, au lieu de défendre les droits de leurs électeurs, les députés provinciaux du Nord-Kivu sont devenus des petits bourgeois, toujours entre deux voyages d’affaires pour suivre des constructions des villas pour leur deuxième ou troisième maitresse avec les émoluments qu’ils reçoivent en contrepartie de leur silence et de leur coopération à l’occupation militaire et économique de la province. Cela ne veut pas dire qu’ils ne participent pas à des réunions à Kigali comme à Kinshasa sur la paix et la securité dans la Région des Grands Lacs. Les plus courageux admettent que toutes ces réunions dites internationales n’ont qu’un seul but, avancer l’agenda de Paul Kagame sur l’Est de la R.D.Congo. Plus on se réunit sous les cameras du monde, plus on fait croire à l’opinion internationale qu’il y a toujours des génocidaires Hutu à l’Est de la RDC. La vérité est que depuis mars 1997, il n’y a plus des génocidaires Hutu à l’Est de la RDC. Ce qu’on appelle aujourd’hui FDLR est une cinquième colonne des forces militaires d’occupation du Kivu.  

On attendait que Julien Paluku fasse une analyse sans complaisance de ce mensonge entretenu sur l’insécurité au Nord-Kivu, qu’il fustige, par exemple, les méfaits du gouvernement parallèle sur la gestion sécuritaire de la Province. On se rappelle d’une de ses déclarations lors d’une de ses visites au Sud de Lubero après l’invasion par des rwandais qui se disaient originaires de Masisi. Julien Paluku avait reconnu que ces derniers s’étaient déplacés de Masisi pour le Sud-de Lubero à son insu et sans son autorisation. Cette déclaration publique était un aveu d’impuissance qui révélait que des forces occultes géraient la province à la place du Gouverneur. Julien Paluku aurait donc fait œuvre utile en pointant du doit ces forces occultes qui l’ont empêché de sécuriser la Province du Nord-Kivu et qui, d’après la radio trottoir, prépareraient un coup de force au Nord-Kivu à la veille ou au lendemain des élections du 28 novembre prochain. Les causes possibles de la guerre civile que craint le Gouverneur, sont à chercher auprès de ces forces militaires d’occupation, du gouvernorat parallèle du Nord-Kivu. Les populations civiles ruinées par 15 ans de guerre d’agression et d’occupation sont des victimes. Les considerer comme une menace, est une injure pure et simple.  

La liste des causes de l’insécurité au Nord-Kivu qu’a dressée le Ministre Provincial de l’Intérieur, Valérien Mbalutwirandi lors d’une question orale lui adresser par le Député Jaribu Muliwavyo, à savoir, la prolifération d’armes à feu, la présence des groupes armés étrangers, locaux et nationaux, le faible encadrement des militaires démobilisés et blessés de guerre, l’irrégularité de la paie des militaires et des policiers, le détournement des salaires des militaires, etc., souffre d’une omission grave, notamment, les forces militaires d’occupation, le gouvernorat parallèle, etc. 

Omettre ce que tout le monde voit à l’œil nu, y compris le Gouverneur de Province, relève d’un manque de courage politique qui constitue le problème numéro un de la Province du Nord-Kivu et de la RDC. La politique de repositionnement que Julien Paluku reproche aux autres tout en la pratiquant lui-même, se résume en une seule phrase: « Etre nègre de service de l’occupant pour conserver son poste et les avantages matériels y relatifs », peu importe le génocide par lequel cet occupant décime lentement mais sûrement mes frères et sœurs congolais, mes électeurs d’hier, etc. Et comme si cela n’était pas suffisant, accuser les victimes que sont les populations civiles congolaises comme responsables de leurs propres malheurs. C’est cela l’extrémisme, le cynisme, et l’amoralisme de l’occupant de l’Est de la RDC qui n’est en rien différent du colonisateur du 19 - 20ième siècle. 

Si demain il y a guerre civile au Nord-Kivu, elle sera principalement l’œuvre des forces militaires d’occupation et non celle des populations congolaises manipulées par les politiciens. Les milices qui endeuillent le Nord-Kivu ne sont qu’une cinquième colonne des forces militaires d’occupation, une armée parallèle à l’image du gouvernorat parallèle.

 Le Gouverneur Julien Paluku a ainsi raté une bonne occasion de fustiger le gouvernement parallèle qui gouverne le Nord-Kivu en sa place, le commandement mono-ethnique de l’armée et de la police déployées au Nord-Kivu mais qui dépendent non de la Province mais directement de Kinshasa, et qui refusent tout déploiement ailleurs qu’au Nord-Kivu, Sud-Kivu, et Province Orientale ; l’afflux incontrôlé des retournés armés ayant des cartes d’électeurs congolais, l’insécurité avec mort d’hommes que les militaires et les policiers ont fait régner dans les bureaux d’enrôlement au Nord-Kivu, les évasions organisées des prisonniers qui étaient au service des forces militaires d’occupation, etc. 

Pour être crédible aux yeux des populations civiles du Nord-Kivu, le Gouverneur Julien Paluku aurait pu répondre aux questions que ses administrés se posent aujourd’hui : « Comme il y a eu une violence avec mort d’hommes pendant des simples opérations d’enrôlement, qu’en sera-t-il le jour du vote ou le jour de la proclamation des résultats surtout que la justice congolaise n’a condamné aucun des coupables de ces tueries ? Quelle armée ou quelle police sécurisera-t-elle les électeurs et les bureaux de vote pendant et après le vote du 28 novembre prochain ? Pourquoi les prisonniers et tueurs des congolais s’évadent-ils facilement de toutes les prisons de la province ? Y aura-t-il au Nord-Kivu une force crédible d’interposition pour protéger les populations congolaises autochtones contre les forces militaires d’occupation et les retournés armés qui ne voudraient perdre aux prochaines élections? 

Connaissant l’usage de la guerre psychologique et de la manipulation de l’information par les forces militaires d’occupation de l’Est de la RDC, la mise en garde de Julien Paluku contre la violence électorale est jugée dangereuse par bien d’observateurs bien qu’elle soit apparemment positive. Pour certains, elle apparait comme une fuite en avant pour préparer l’opinion à une guerre civile en cours de préparation dans les labos des forces militaires d’occupation. En effet, depuis septembre 1996, les forces militaires d’occupation du Nord-Kivu ont toujours réussi à faire porter le chapeau de leur guerre à d’autres, notamment les marionnettes politiques congolaises, les FDLR, LRA, ADF/NALU, Mai-Mai, armée et la police congolaises, ethnies, etc. L’heure est venue pour que la vérité sur cette insécurité qu’entretient l’occupant au Nord-Kivu soit déballée sur la place publique. Si les candidats aux prochaines élections n’en sont pas capables, au peuple congolais, souverain primaire, de se choisir d’autres représentants pour poursuivre et achever la révolution populaire congolaise initiée par les héros nationaux tels Béatrice Kimpa Vita, Simon Kimbangu, Emery Patrice Lumumba, Pierre Mulele, Cardinal Malula, Mzee LDK, Mgr Munzihirwa, Mgr Kataliko, Sampa Kaputo, la voix des sans-voix Floribert Chebeya, etc. 

Kakule Mathe

Butembo

©Beni-Lubero Online

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