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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 07:42

Aux élections comme des moutons que l’on mène à l’abattoir !

Par  Le Potentiel

Si les élections ont réellement lieu le 28 novembre 2011, une bonne
masse de nos populations y sera conduite comme des moutons que l’on
mène à l’abattoir.

En marge des minorités averties, plusieurs compatriotes n’ont pas
participé aux débats liés à cet acte prétendument civique. Le
recensement n’a pas eu lieu. Le débat sur la double nationalité non
plus. La question de la cartographie des bureaux de vote n’a pas
bénéficié d’une grande attention de la part de la CENI. Plusieurs de
ces bureaux se situent à plusieurs kilomètres de certains villages et
centre habités. D’ici à ces fameuses élections, la question des
bureaux fictifs risque de rester sans réponse adéquate comme celle de
gonflement du chiffre des enrôlés dans certains coins de notre pays.
Il ne sert à rien de rappeler que les prochaines élections n’ont pas
bénéficié de l’égalité des chances dans la disponibilisation des
moyens de l’Etat pour les candidats qui vont s’y présenter. La
fétichisation des dates au nom de la lettre de la loi risque d’avoir
raison de l’esprit des objectifs « démocratiques » pouvant être
atteints par le déroulement de ces élections.

L’analphabétisme galopant aidant, une bonne masse de nos populations
ne comprendra peut-être pas, le soir du 28 novembre, qu’elle a été
prise en otage par ceux et celles pour qui avoir accès à la mangeoire
congolaise est une question de vie ou de mort.

L’engouement pour ces élections et son exclusion des lieux de la
formation et de l’information ne l’aideront pas à comprendre qu’elle
risque de choisir « les nègres de service » du 1% des oligarchies
d’argent ; de ces « cosmocrates » décriés dans la plupart des villes
occidentales, de New-York, en passant par Washington, Madrid, Londres,
Athènes, Paris, Bruxelles, etc. L’engouement pour les élections a, en
effet, coupé notre pays du débat sur le devenir d’un monde pris dans
les méandres de la crise économique, financière, morale et
spirituelle. Ce faisant, « les petites mains » du monde financier et
économique sont celles-là mêmes qui prodiguent des leçons à ce pays
aussi grand que l’Europe occidentale qu’elles sont en train de mettre
en coupes réglées par simple cupidité.

Le fait de n’avoir pas pu participer à ce débat et de ne l’avoir pas
pris en compte dans nos échanges citoyens risque de nous rattraper au
cours de la période postélectorale si les oligarchies d’argent
décident de nous livrer une guerre « humanitaire » pour protéger les
droits de l’Homme et « la jeune démocratie » congolaise au moment où
nos populations seront en train de crier au vol de leurs votes. (Si
objectivement, il est établi que vol des votes il y a eu.)

Il est curieux que la CENI ait mis sur pied un comité de sages pour
gérer la période postélectorale avant de répondre à certaines
inquiétudes préélectorales très sérieuses ! Dans le contexte qui est
nôtre, les hommes et les femmes politiques avertis devraient apprendre
à travailler avec plusieurs plans à la fois : un plan A, un plan B, un
plan C, etc.

Il n’est pas exclu qu’à l’issue des prochaines échéances électorales,
si le choix de la majorité de notre peuple est respectée, que les
pouvoirs impérialistes et néocolonialistes reconduisent le scénario de
1960 ; c’est-à-dire qu’ils empêchent « le candidat du peuple » de
gouverner. Tour ne se jouera pas dans les urnes.

Il y a certains signes qui ne mentent pas. L’appel lancé à la CPI pour
qu’elle se mêle de l’organisation pré et postélectorale de ce
rendez-vous citoyen après qu’elle n’a rien fait, plusieurs années
après qu’elle a lancé un mandat d’arrêt contre Ntanganda, semble être
un arbre qui cache la forêt. Et pour les minorités averties et
agissantes qui savent que la guerre de prédation perpétuelle livrée à
notre pays est aussi « une guerre de la justice et de la politique
internationale », le Congo de Lumumba risque de ne pas sortir de
l’auberge. Elles doivent coaliser avec toutes les forces du changement
et la résistance congolaise pour penser les plans B et C si ce n’est
pas déjà trop tard.

L’un de ces plans consisterait à organiser la connexion, partout, à
travers le monde, avec « les indignés du Nouvel ordre mondial » afin
que de leurs rassemblements, la voix du Congo puisse se faire
entendre. Nous nous émanciperons du joug impérialiste et
néocolonialiste en épousant l’indignation et l’engagement (dans la
résistance politique) au niveau local, national, régional et mondial.
Les élections au niveau local peuvent être un pas nécessaire mais
insuffisant pour nous défaire des chaînes de l’impérialisme et du
néocolonialisme.

D’ailleurs, pendant que nous parlons élections, « les petites mains »
des oligarchies d’argent sillonnent le monde pour travailler à
l’extension du marché néolibéral et les grands ensembles se
consolident : les U.S.A. vont à la conquête de l’Asie et de l’Europe,
la Chine renforce ses alliances avec la Russie ; la Russie essaie de
refaire ses relations avec plusieurs pays de l’ex-URSS, les pays
latino-américains se soudent davantage, etc. Et dans l’une de ses
études, le Hillary Clinton traite de l’implication de l’Afrique dans
la production des richesses de son pays pour les soixante (60) ans à
venir.

Jusqu’à ce jour, ces questions ne semblent pas être intégrées dans la
campagne électorale. En dehors du fait que deux des candidats à la
présidentielle estiment qu’ils pourront être des « Lula » pour le
Congo de demain, la dimension internationale de nos futures luttes
n’apparaît presque pas dans cette campagne électorale qui va bientôt
toucher à sa fin.

Espérons que, échappant à l’explosion de la violence structurelle
après le 28 novembre, nous puissions travailler à l’éducation, à la
formation et l’information de nos masses populaires afin qu’elles
deviennent, en 2016, les véritables actrices de notre histoire
collective. Et que certaines études prospectives sortent notre pays
des petites visions nombrilistes où une certains classe politique et
ses thuriféraires pauvres d’esprit essaient de l’enfermer.

En attendant, une bonne masse de nos populations ira voter
prochainement sans que certains contentieux liés aux questions
techniques et démocratiques aient trouvé un début de réponse dans le
chef du pouvoir organisateur de ces élections. Comme des moutons que
l’on mène à l’abattoir. Tristement !

J.-P. Mbelu

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