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13 septembre 2015 7 13 /09 /septembre /2015 09:14

Joseph Mbeka éventre le Boa sur la Marche historique du 28 août 2015 et le Gouvernement de Salut Public


Questions directes à Joseph Mbeka Kiabilua

Joseph Salomon Mbeka Kiabilua (Organisateur de la Marche). Photo Congo Indépendant

Fils de feu Joseph Mbeka Makosso, (ndlr Secrétaire Particulier de Lumumba (ONU)*, un des 5 diplômés du Congo à l'Indépendance) plusieurs fois ambassadeur et ministre sous la Ière et la IIème République avant de démissionner en 1978, Joseph Salomon Mbeka Kiabilua, fait partie des animateurs des activistes politiques communément appelés "Combattants" au sein de la diaspora congolaise de Belgique. "Joe Mbek’s", comme l’appellent ses proches, est titulaire d’une maîtrise en ingénierie financière de l’Ichec (ndlr HEC Bruxelles). L’homme se présente désormais en "président du Gouvernement de Salut Public". Plusieurs observateurs ont déploré les violences ayant émaillé la marche organisée le 28 août dernier par les "anti-dialogue". Selon lui, les marcheurs ont été "provoqués" par quelques partisans du dialogue. Interview.

Comment se porte la diaspora congolaise de Belgique en général et les «Combattants » en particulier ?


Depuis un certain temps, la diaspora congolaise de Belgique a repris goût à la vie…

Que voulez-vous dire par cette formule?



Je voudrais dire que la diaspora a été totalement déboussolée, voire désarçonnée en apprenant qu’Etienne Tshisekedi - qu’elle avait porté aux nues - a décidé de s’attabler avec celui qu’elle considère comme le pire ennemi que le Congo-Kinshasa n’ait jamais eu. Il s’agit de Joseph Kabila, mieux connu sous son véritable nom de Hyppolite Kanambe.



Concrètement, que reprochez-vous au président de l’UDPS ?


Sans rentrer dans la question relative au dialogue, on assiste à une dérive dans ce parti. L’Etat de droit a toujours représenté la valeur suprême pour Tshisekedi, qui est juriste de formation. Il a fini par susciter une adhésion populaire à ce thème. Le jour où il a fallu évoquer, de manière informelle, la question relative à sa succession à la tête du parti, on a vu son fils (Ndlr : Félix Tshisekedi Tshilombo) surgir, en méconnaissance des statuts, pour s’imposer. Celui-ci a entrepris une tournée à l’intérieur du pays alors qu’il porte le titre de secrétaire national de l’UDPS chargé des Relations extérieures. C’est juste un rappel.



D’aucuns pourraient vous rétorquer que c’est une affaire interne qui ne regarde que l’UDPS et ses membres…


Le problème est que ce «Monsieur» a pris un tas de décisions. C’est lui qui amène le «dialogue». Ce Monsieur a pris de facto le pouvoir au sein de l’UDPS sans qu’il y ait eu débat dans le cadre d’un congrès. Je conviens que ce qui se passe dans l’UDPS ne me regarde pas! Sauf que la personne que nous avons suivie et que nous avons porté aux nues est tenue à un devoir d’exemplarité. C’est une question de cohérence. Or l’analyse du comportement de M. Félix Tshisekedi présente tous les contours du népotisme. La rupture est, dès lors, irréversible et irrévocable. Nous parlons souvent d’abus de faiblesse. Nous savons que le « Vieux » - pour lequel nous avons le plus grand respect - n’a peut-être plus la maîtrise de tous ses moyens. Raison de plus pour qu’on mette un bémol. En attendant, il y a des conséquences. Ce sont ces conséquences qui sont à la base de notre intransigeance.

Quelles sont ces conséquences ?


Avec ce processus du dialogue qui est lancé, Monsieur Kabila va vers le «glissement». Il est déjà dans le glissement. Le même glissement que vit Monsieur Kengo wa Dondo (Ndlr: le président du Sénat) depuis plusieurs années. Monsieur Kabila cherche à créer une situation "d’ingérabilité" où l’Etat de fait s’impose à tous.

Ce n’est pas le sujet mais les sénateurs ont déjà répondu à cette question en disant que
l’organisation des élections n’incombe pas au Sén
at…


C’était juste un exemple pour vous dire ce dont ce pays est capable. Avant que l’on évoque cette question du dialogue, combien de fois Monsieur Kabila n’a pas appelé l’opposition à se mettre autour d’une table? Au début, c’était le dialogue inter congolais. Il y a eu ensuite les concertations nationales ou plutôt les «consternations nationales». Chaque fois, Monsieur Tshisekedi a été constant avec lui-même en répondant par un « niet » ! Quelle est cette donne extraordinaire qui a changée qui l’amène à un revirement à 180° ?



Nous en venons donc à la manifestation organisée le 28 août à Bruxelles…


Nous avons constaté qu’il y avait abus sur la personne de Tshisekedi. Celui-ci n’est plus capable de diriger, lui, l’homme que le peuple congolais avait désigné comme «le Président élu». Voilà pourquoi nous avons dû prendre nos responsabilités en le «destituant». En clair, M. Tshisekedi n’est plus en odeur de sainteté au niveau de la diaspora congolaise. Vu des incohérences, nous ne pouvons plus le suivre.

Que répondez-vous à ceux qui redoutent que cette manifestation « anti-tshisekediste » ne vienne « brouiller » l’image de la diaspora tout en fragilisant la cohésion au sein de l’opposition ?


Bien au contraire. Pour la première fois, on commence à nous prendre au sérieux!

Le Président Joseph Salomon Mbeka Kiabilua donnant de la voix au micro. Organisateur de la marche - 28/08/15

- See more at: http://changeincongo.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1087:rtbf-la-diaspora-congolaise-contre-le-dialogue-propose-par-kabila-et-la-participation-de-ludps&catid=47:nos-realisations&Itemid=107#sthash.4RbtgvsP.dpuf



Le dialogue en tant qu’échange ne constitue-t-il pas un moyen pacifique pour régler les différents?

Il faut être naïf pour espérer résoudre un différend par le dialogue avec Kabila. Reste que nous sommes des bantous. Nous sommes conscients de l’importance de la palabre. On palabre avec qui est prêt à composer et non avec celui qui ne pense qu’à manipuler. A titre d’exemple, les fameuses concertations nationales ont accouché plus de 700 recommandations. A ce jour, Monsieur Kabila n’a jamais appliqué une seule de ces recommandations...

Devrait-on conclure que la manifestation du 28 août était l’occasion pour la diaspora de crier
sa colère pour avoir été « trahie » par Etienne Tshiseked
i ?


Il faut faire la part de choses. Il y a Tshisekedi l’homme intègre et le «système Tshisekedi» qui essaie aujourd’hui de faire de la récupération. Nous avons compris que Tshisekedi, l’homme intègre, est « prisonnier » de son entourage. Nous n’avons rien contre sa personne. Quand nous manifestons avec un cercueil, c’est pour envoyer un message clair aux personnes qui croient pouvoir circonvenir une personne qui s’est faite elle-même.

On parle de violence lors de cette manifestation du 28 août. Que s’est-il passé ?

Au commencement, il y a notre annonce de mettre en place un «gouvernement de salut public». Il y a eu une fuite. C’est la première fois que la télévision kinoise «Télé 50» annonce l’annulation de notre marche du 28 août, alors que celle-ci n’était pas annulée. Des SMS ont circulé en Belgique pour annoncer "l’annulation" de la marche. Beaucoup de personnes ne sont pas venues à cette manifestation à cause de ce climat d’intoxication.

Quel a été l’élément déclencheur des actes de violence ?


Quelques jours avant la manifestation, des jeunes gens – dont le fameux Rex Kazadi - ont diffusé, depuis la France, des messages vidéo dans lesquels ils promettaient des bosses et des plaies aux « combattants anti-dialogue » que j’appelle des «patriotes». Des patriotes qui ont secoué – si j’ose dire – une certaine "fibre tribaliste".

Qu’entendez-vous par «fibre tribaliste» ?


Vous êtes journaliste. Il vous appartient d’enquêter pour réaliser qu’il y a un relent tribaliste dans la contestation de ceux qu’on appelle les « pro-dialogue » ou « pro-Tshisekedi ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, tous les Baluba ne sont pas concernés. C’est une poignée insignifiante de gens qui prétend représenter toute la communauté luba.

Revenons aux actes de violence…


Après le départ des marcheurs de la Porte de Namur, ces "jeunes gens" ont fait des mises en scène – je pourrais vous envoyer des liens si vous le souhaitez – en affirmant que les manifestants ne sont pas là (ndlr qu'il n'ya pas de cercueil). Les esprits étaient déjà chauffés de part et d’autre.

Quel est le fait qui a déclenché la violence ?


Votre question suggère que la brutalité est venue seulement d’un côté…

Cette situation est déplorée par plus d’un observateur…


C’est là justement le lieu d’éclairer votre lanterne. Ces jeunes gens ont proféré des menaces via les réseaux sociaux. Personne n’a réagi. Ils ont fait savoir qu’ils vont envoyer, depuis la France, des « maîtres » en arts martiaux pour « corriger » certains d’entre nous. Nous n’avons vu personne. Ils ont, par contre, vandalisé nos affiches dans le Quartier Matonge. Nous devions aller à la place Schumann pour faire une déclaration solennelle du « gouvernement de salut public ». Contre toute attente, la police nous a dirigés vers la Place de Luxembourg. C’est là que les fameux jeunes gens nous attendaient...

C’est là qu’ont eu lieu les incidents?


Ceux qui ont visionné les séquences filmées ont pu voir M. Tshim Tshimanga s’avancer vers les marcheurs. Il avait en main une barre d’acier. Il était clair qu’il voulait frapper. Notre service d’ordre l’a aussitôt «maîtrisé».


On parle d’une dame qui a été brutalisée…


Des gens qu’on envoie pour perturber une marche sont des « djiadistes ». Des « kamikazes ». Ce sont des jeunes gens fanatisés. Chemin faisant, on a vu une dame seule brandir une banderole aux écrits provocants. C’était une sorte de contre-manifestation sans autorisation. Qui a provoqué qui ?


Que répondez-vous à ceux qui disent que la diaspora congolaise de Belgique serait l’objet d’une "manipulation" ?


(rires). Ce sont des gens qui veulent vous manipuler qui répandent ce genre d’allégations. J’ai cru entendre une télévision congolaise annoncer que le «camp Tshisekedi» s’est battu contre le « camp Ngbanda ». Y a-t-il un « camp » de {Honoré} Ngbanda ici en Belgique ? Ngbanda est tout à fait marginal ici.

Dans une précédente marche, le 8 août, les Bruxellois ont vu des membres de l’Apareco prendre une part active avec une banderole assortie du portrait de leur président…


Pour votre information, l’UDPS était aussi invitée. Personne n’est venue. On avait invité également les « frondeurs » de ce parti. C’est le cas notamment de François Tshipamba Mpuila et de Raphaël Kashala. Sans omettre Pierre-Adolphe Mbuyi autres Mama Charly. Nous avons invité Rigobert Kuta qui représente M. Eugène Diomi Ndongala. Chaque formation politique devait amener ses calicots et banderoles. L’Apareco a été la seule organisation à répondre à notre invitation.

Après « l’enterrement » d’Etienne Tshisekedi avec les « antivaleurs », quelle sera la prochaine étape ?


Nous allons former un « gouvernement de salut public ». Nous allons procéder à la nomination de quinze "ministres". Les consultations sont en cours avec des chancelleries. Ayant déchu le "Président élu", nous devons nous prendre en charge.

S.E. Joseph Mbeka Makoso

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2015

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